L’annotation comme “conversation”(2/3) : qu’est-ce qu’une conversation ?

Dans la pre­mière par­tie de ce bil­let, j’ai exploré les rela­tions entre l’an­no­ta­tion et la notion de con­ver­sa­tion (ou “dia­logue”, “dis­cus­sions” dans ses exten­sions séman­tiques) d’un point de vue his­torique. J’ai notam­ment mon­tré que le mod­èle con­ver­sa­tion­nel avait été — comme sou­vent — dévoyé ou cap­té par les indus­tries du web.

Dans une con­ver­sa­tion : l’un lance la balle, l’autre ne sait pas s’il doit la lui ren­voy­er, ou la laiss­er sur place, ou la ramass­er et la met­tre dans sa poche (Wittgen­stein, Remar­ques mêlées)

Dans cette deux­ième par­tie, j’aimerais donc resig­ni­fi­er la notion de “con­ver­sa­tion”, ou la retrou­ver en me réap­pro­pri­ant (reclaim) cette “parole volée” (Barthes). Je com­mencerai par les travaux syn­thé­tiques d’ Ali Ben­makhlouf1Ali Ben­makhlouf, La Con­ver­sa­tion comme manière de vivre, Albin Michel, 2016. sur le sujet avant d’ex­plor­er le lien fait par la philoso­phie améri­caine et Wittgen­stein entre la con­ver­sa­tion et la démoc­ra­tie. Je ter­min­erai avec le care ou “le souci des autres”, auquel la con­ver­sa­tion a étroite­ment été liée. Nous aurons alors des élé­ments pour avancer des propo­si­tions et iden­ti­fi­er des sit­u­a­tions dans lesquelles le recours à l’an­no­ta­tion serait le plus per­ti­nent (dernière par­tie, à venir). J’en prof­ite pour men­tion­ner les travaux de Nico­las Sauret dont la thèse porte notam­ment sur le sujet de la con­ver­sa­tion et des dis­posi­tifs infor­ma­tiques.

L’analyse de l’épi/par un grainetier”

Un poème d’Emi­ly Dick­in­son (1830–1886) illus­tre bien ce qu’est la con­ver­sa­tion :

He was my host — he was my guest
I nev­er to this day
If I invit­ed him could tell,
Or he invit­ed me.

So infi­nite our inter­course
So inti­mate, indeed,
Analy­sis as cap­sule seemed
To keep­er of the seed

En elle s’opère un curieux ren­verse­ment : je suis invité en ma pro­pre demeure, grâce à l’at­ten­tion qui m’est don­née, à l’ac­cueil qui m’est fait chez moi. La dimen­sion spa­tiale de la con­ver­sa­tion est ici man­i­feste : elle trans­mue l’e­space en mai­son, en un lieu habité et hab­it­able par d’autres sois.

Mais la con­ver­sa­tion est aus­si une ques­tion tem­porelle : c’est parce que nous avons suff­isam­ment de temps (“so infi­nite”) que cette trans­for­ma­tion est pos­si­ble, que nous pou­vons nous con­fi­er jusqu’à nous dêve­tir (“inter­course”). Ain­si, je me trans­forme moi-même, devenant pour l’autre un objet d’at­ten­tion et de con­tem­pla­tion, comme l’ex­prime bien la com­para­i­son à la fin du poème (“Sem­blable à l’analyse de l’épi/ Par le grainetier”2“Il était mon hôte — il était mon invité,/Je ne pour­rais dire à ce jour/Si je l’invitai,/Ou s’il m’invita.//Si infi­ni notre entretien/Si intime, vraiment,/Semblable à l’analyse de l’épi/Par un graineti­er.” Voir Françoise Del­phy, Emi­ly Dick­in­son. Poésies com­plètes, Flam­mar­i­on, 2009, p. 1333–1334) : dans la véri­ta­ble con­ver­sa­tion je m’a­ban­donne entre les mains de mon inter­locu­teurminus­cule, je deviens géant en retrou­vant mon pro­pre déploiement ; je me déplie.

Dans le même temps, nous fusion­nons (“our”) : nous devenons comme-un, même si nous restons séparés, néces­saire­ment dif­férents. La con­ver­sa­tion réus­sit le tour de force d’u­nir par la sépa­ra­tion : dans l’altérité, je m’in­di­vid­u­alise ; je deviens un indi­vidu. Elle est un art du par­ti­c­uli­er et du col­lec­tif, de l’Un et du Mul­ti­ple : en elle se super­posent des lignes mélodiques.

Une société de discours”

Dans son très bel ouvrage (La Con­ver­sa­tion comme manière de vivre, Albin Michel, 2016), Ali Ben­makhlouf en pré­cise les pro­priétés, les con­di­tions de pos­si­bil­ité et la gram­maire. Je m’y appuie ci-dessous, en y mêlant mes pro­pres con­sid­éra­tions.

Con­traire­ment à la dis­pute, à la querelle ou à la con­tro­verse, qui font l’ob­jet d’une fas­ci­na­tion sci­en­tifique aujour­d’hui, la con­ver­sa­tion est l’un des instru­ments de la civil­ité : en la pra­ti­quant, nous faisons l’ex­péri­ence des règles qu’une société a insti­tuées pour main­tenir le lien social. C’est dire, avec Mon­taigne, qu’ ”une société de dis­cours” est présente dans la con­ver­sa­tion : l’hu­man­ité y est con­viée, même lorsqu’elle est pra­tiquée soli­taire­ment, selon un mode qui per­met de pos­er autrement ses ques­tions.

En effet, les règles de la con­ver­sa­tion ne sont pas strictes, nor­ma­tives et doc­u­men­tées : elles sont pro­gres­sive­ment retrou­vées, négo­ciées et ajustées, à mesure que les acteurs d’une con­ver­sa­tion en font l’ex­péri­ence. La con­ver­sa­tion ressem­ble à une danse plus ou moins impro­visée où la piste n’est pas don­née mais se forme à mesure que les gestes sont exé­cutés. Elle invente ses pro­pres formes de déploiement pour max­imiser le plaisir de vagabon­der et de se laiss­er con­duire par ses pro­pres pas, sans but mais sans per­dre de vue la douceur, néces­saire au dia­logue, à l’e­sprit de finesse, à l’ou­ver­ture des corps, par­fois même au-delà de l’e­space et du temps. Ain­si, la con­ver­sa­tion a inven­té un jeu où per­son­ne ne perd, sauf sous son ver­sant mondain et aristocratique3C’est en effet un peu dif­férent dans la France clas­sique où il s’ag­it notam­ment de mon­tr­er que l’on sait jouer aux mêmes règles : le but est de se recon­naître comme des parte­naires, dans la pra­tique de l’autre. Voir les travaux de Marc Fumarol­li, Trois insti­tu­tions lit­téraires, Gal­li­mard, 1994.,parce que ses règles sont ré-inven­tées con­join­te­ment, bien qu’il existe une trame sous-jacente. En elle, les indi­vidus retrou­vent “l’or­dre de l’in­ter­ac­tion”, défi­ni comme :

le pont que les indi­vidus jet­tent entre eux et sur lequel ils s’engagent momentanément dans une com­mu­nion mutuelle­ment soutenue. Cette étincelle, et non l’amour sous ses formes les plus vis­i­bles, est ce qui illu­mine le monde. (Goff­man, Les Rites d’in­ter­ac­tion, 1967)

Cette com­mu­nion invis­i­ble, ordi­naire, que nous pra­tiquons chaque jour, nous com­mande implicite­ment d’af­faiss­er un peu plus notre niveau d’in­com­préhen­sion et d’aug­menter notre niveau de com­préhen­sion. Dans la con­ver­sa­tion, nous accep­tons de ne pas tout com­pren­dre au moment où l’autre par­le. C’est pourquoi elle est aus­si un art de l’at­tente, du gou­verne­ment de soi et du soin : à tout moment elle risque de rompre si nous n’y prenons pas garde.

Ain­si, en pra­ti­quant la con­ver­sa­tion, je retrou­ve un fonc­tion­nement social plus large ; je fais l’ap­pren­tis­sage de la démoc­ra­tie où, idéale­ment, cha­cun n’est pas objec­tivé, piégé dans une caté­gorie, mais vient trou­ver sa voix pro­pre. J’ex­plor­erai main­tenant cette ques­tion avec la philoso­phie améri­caine et ana­ly­tique.

L’expérience de la démocratie

Pour com­pren­dre la con­cep­tion qu’une cer­taine philoso­phie améri­caine se fait de la notion de “con­ver­sa­tion”, telle qu’elle appa­raît chez Cavell lecteur de Wittgentein4Sandra Laugi­er, Recom­mencer la philoso­phie. Stan­ley Cavell et la philoso­phie en Amérique, Vrin, 2014., il faut revenir au fonde­ment même de la démoc­ra­tie. Je m’ap­puy­erai ici prin­ci­pale­ment sur les travaux de San­dra Laugi­er, spé­cial­iste d’E­mer­son, Thore­au, Cavell et Wittgen­stein.

Pour ces philosophes, la démoc­ra­tie est (idéale­ment) ce par quoi je trou­ve ma pro­pre voix dans celle tis­sée de mil­lions d’in­di­vidus. La démoc­ra­tie recon­naît à cha­cun la capac­ité à faire émerg­er sa sin­gu­lar­ité, en don­nant notam­ment aux citoyens les moyens de con­tester la légitim­ité de leur porte-parole. Ain­si, dans un espace démoc­ra­tique, “per­son­ne [n’est] mineur, sans voix”5Sandra Laugi­er, “Le com­mun comme ordi­naire et comme con­ver­sa­tion”, Mul­ti­tudes, n° 45(2), 2011, p. 104‑112. : cha­cun a (devrait avoir) la pos­si­bil­ité de remet­tre en cause les fonde­ments et les règles de l’ac­cord démoc­ra­tique, au point de s’en retir­er, en déter­mi­nant ce qui est fon­da­men­tale­ment bon pour lui.

La con­ver­sa­tion est l’in­stru­ment d’un tel proces­sus démoc­ra­tique : elle donne suff­isam­ment de temps et de moyens aux indi­vidus pour qu’ils se trou­vent, fassent enten­dre leur ritour­nelle dans un espace accous­tique d’une telle qual­ité que chaque mot pronon­cé trou­ve sa réso­nance et son inter­ro­ga­tion pro­pres — c’est l’autre nom de l’ami­tié. Dans la con­ver­sa­tion, je trou­ve ma voix dans celle de l’autre qui me (re)donne con­fi­ance en don­nant de l’é­pais­seur à mes expéri­ences les plus infimes.

C’est dire que la con­ver­sa­tion est une éthique, au sens de Wittgenstein6“Ainsi, au lieu de dire : “L’éthique est l’in­ves­ti­ga­tion de ce qui est bien”, je pour­rais avoir dit qu’elle est l’in­ves­ti­ga­tion de ce qui a une valeur, ou de ce qui compte réelle­ment, ou j’au­rais pu dire que l’éthique est l’in­ves­ti­ga­tion du sens de la vie, ou ce qui rend la vie digne d’être vécue, ou de la façon cor­recte de vivre.”” Voir Leçons et con­ver­sa­tions, Folio essais, 1966, p. 143–144. : elle m’ap­prend à voir ce que je ne voy­ais pas, c’est-à-dire ce qui compte fon­da­men­tale­ment pour moi et que j’ig­no­rais jusque-là. La con­ver­sa­tion me répare en éduquant mon écoute/mon regard et en m’aidant à me fray­er une voie, à trou­ver mon sens dans un monde déjà sig­nifi­ant, dans lequel j’ai été jeté, où mille voix par­lent pour, en et à tra­vers moi.

C’est peut-être pourquoi les human­istes firent du dia­logue et de la con­ver­sa­tion le mod­èle même de la lec­ture des textes : ils leur per­me­t­taient de trou­ver leur pro­pre voix en creu­sant un sil­lon dans celle de leurs prédécesseurs, sans la cacoph­o­nie du com­men­taire médié­val. C’est dire que la con­ver­sa­tion est une “philoso­phie de la lec­ture” 7San­dra Laugi­er, Recom­mencer la philoso­phie. Stan­ley Cavell et la philoso­phie en Amérique, Vrin, 2014, p. 153., en plus d’une pra­tique thérapeu­tique de restau­ra­tion du sens orig­inel des textes.

Voir le visible

Il arrive cepen­dant que je ne recon­naisse pas ma voix dans celle de l’autre et notam­ment dans celle d’un gou­verne­ment “ven­tril­oque” comme dirait juste­ment Marie-Anne Paveau. Dans ces cas-là, je peux choisir de ne pas lui don­ner ma voix ou exiger que ma voix pro­pre soit recon­nue — d’où les mou­ve­ments de recon­nais­sance et de reven­di­ca­tion qui passent par une méta­mor­phose : ma voix privée, intérieure, mue pro­gres­sive­ment jusqu’à devenir publique. Tout le proces­sus démoc­ra­tique repose sur la pos­si­bil­ité de chang­er d’échelle : la voix publique qui par­le en mon nom est-elle en accord avec ma voix privée ? Mon con­sen­te­ment a‑t-il été demandé ? Puis-je m’ex­primer et selon quelles modal­ités ? Dois-je néces­saire­ment le faire à par­tir des règles qui me sont don­nées pour le faire ? Est-ce que je sais seule­ment que je suis privé de parole ?

Dans son ouvrage, Ali Ben­makhlouf (voir plus haut) abor­de la dimen­sion thérapeu­tique de la con­ver­sa­tion : quelqu’un.e, suff­isam­ment préoccupé.e par mon sort (un.e ami.e, un.e psy­ch­an­a­lyste, etc.), prend la parole pour me la redonner, m’aide à me res­saisir de ma tra­jec­toire. Ce proces­sus relève du care, théorisé par Car­ol Gilli­gan dans Une voix dif­férente (Champs essais, 2019 [1982]) et Joan Tron­ton (Un monde vul­nérable, La décou­verte, 2009).

Le care ou le “souci des autres” dans sa tra­duc­tion française8Patracia Paper­man et San­dra Laugi­er, Le Souci des autres. Éthique et poli­tique du care, Édi­tions de l’E­HESS, col­lec­tion “Raisons pra­tiques”, 2011. Les lignes qui suiv­ent s’ap­puient sur leur présen­ta­tion. On pour­rait égale­ment citer les travaux de Fabi­enne Brugère, L’Ethique du care, PUF, col­lec­tion Que sais-je, 2011., est d’abord une pra­tique phénoménologique donc éthique : elle con­siste à faire voir des phénomènes invis­i­bil­isés, à ren­dre vis­i­ble tout ce qui fait tenir notre monde et que nous avons ten­dance à déval­uer (les métiers du soin notam­ment : infir­mière, femme de ménage, laveur de car­reaux, etc.) alors que nous en dépen­dons, du fait d’une posi­tion dom­i­nante. Le care mon­tre que ces con­tri­bu­tions comptent et qu’elles doivent être pris­es en compte, même si leurs autri­ces prin­ci­pales n’en n’ont pas tou­jours con­science. Le care cherche ain­si à leur redonner en main pro­pre leur expéri­ence, à dot­er leurs gestes, leurs actions, leurs pro­pos, de la tex­ture que le corps social leur refuse. Or, ce tra­vail n’est pos­si­ble que dans la con­ver­sa­tion, seule capa­ble de don­ner suff­isam­ment de temps et d’at­ten­tion à un.e interlocuteur.trice pour qu’il/elle se déplie. Enfin — mais il y aurait encore beau­coup à dire -, le care est un exer­ci­ce, un appren­tis­sage qui con­siste à s’en­traîn­er à voir ce qui compte fon­da­men­tale­ment, en prê­tant une atten­tion à son expéri­ence et à celle de l’autre, dans ce qu’elle ont de plus infime donc intime (petits gestes du quo­ti­di­ens, petits hoquets émo­tifs, etc.). Elle relève ain­si d’une “démoc­ra­tie sensible”9Fabienne Brugère, L’Éthique du care, Que sais-je, 2011. qui donne sa place, c’est-à-dire sa voix, à chacun.e, en fab­ri­quant, comme le tis­serand (Pla­ton, Le Poli­tique), un tis­su poly­phonique, en démail­lant ce qui a été abu­sive­ment tis­sé. Le “jeu de ficelle” (Haraway10Isabelle Stengers, Jeux de ficelle avec Har­away dans Habiter le trou­ble avec Don­na Har­away, Édi­tions Dehors, 2019, p. 299–320.) a  donc une dimen­sion à la fois phénoménologique, éthique, poli­tique, fic­tion­nelle, réal­iste : il con­siste à tiss­er de nou­velles his­toires et à démêler celles qui nous posent prob­lème, à envis­ager des scé­nar­ios spécu­lat­ifs et à tra­vailler à leur insti­tu­tion­nal­i­sa­tion pour les légitimer.

Le tra­vail de l’artiste Patri­cia Pic­cini­ni, com­men­té par Don­na Har­away, qui nous invite à pren­dre notam­ment soin de ce qui nous dérange.

Mal­gré nos efforts pour nous ren­dre voy­ants, il se peut cepen­dant que nous échouions à racon­ter ces his­toires : les forces qui invis­i­bilisent la vul­néra­bil­ité sont sou­vent trop fortes. C’est pré­cisé­ment ce que mon­tre la philosophe Estelle Fer­rarese (La Fragilité du souci des autres, ENS de Lyon, 2018), en artic­u­lant les théories du care et la théorie cri­tique de l’Ecole de Franc­fort. Notre capac­ité à nous souci­er des autres, que j’ap­pellerai notre capac­ité con­ver­sa­tion­nelle, est entravée par un cer­tain nom­bre de phénomènes, par­mi lesquelles : les réc­its médi­a­tiques qui objec­tivent l’é­mo­tion­nel et atro­phient l’ex­péri­ence vécue, la “com­men­su­ra­bil­ité” qui symétrise tous les rap­ports soci­aux (telle infir­mière vaut bien telle autre), la con­ver­sa­tion de soi qui ne nous autorise pas à nous inquiéter pour autrui au-delà d’un seuil. On pour­rait sans doute inté­gr­er d’autres élé­ments, spé­ci­fique­ment infor­ma­tiques, que j’ex­plor­erai rapi­de­ment dans la dernière par­tie de cette série, avant de réfléchir à des dis­posi­tifs con­ver­sa­tion­nels, soucieux des autres et reposant sur la pra­tique de l’an­no­ta­tion.

Notes   [ + ]

1. Ali Ben­makhlouf, La Con­ver­sa­tion comme manière de vivre, Albin Michel, 2016.
2. “Il était mon hôte — il était mon invité,/Je ne pour­rais dire à ce jour/Si je l’invitai,/Ou s’il m’invita.//Si infi­ni notre entretien/Si intime, vraiment,/Semblable à l’analyse de l’épi/Par un graineti­er.” Voir Françoise Del­phy, Emi­ly Dick­in­son. Poésies com­plètes, Flam­mar­i­on, 2009, p. 1333–1334
3. C’est en effet un peu dif­férent dans la France clas­sique où il s’ag­it notam­ment de mon­tr­er que l’on sait jouer aux mêmes règles : le but est de se recon­naître comme des parte­naires, dans la pra­tique de l’autre. Voir les travaux de Marc Fumarol­li, Trois insti­tu­tions lit­téraires, Gal­li­mard, 1994.
4. Sandra Laugi­er, Recom­mencer la philoso­phie. Stan­ley Cavell et la philoso­phie en Amérique, Vrin, 2014.
5. Sandra Laugi­er, “Le com­mun comme ordi­naire et comme con­ver­sa­tion”, Mul­ti­tudes, n° 45(2), 2011, p. 104‑112.
6. “Ainsi, au lieu de dire : “L’éthique est l’in­ves­ti­ga­tion de ce qui est bien”, je pour­rais avoir dit qu’elle est l’in­ves­ti­ga­tion de ce qui a une valeur, ou de ce qui compte réelle­ment, ou j’au­rais pu dire que l’éthique est l’in­ves­ti­ga­tion du sens de la vie, ou ce qui rend la vie digne d’être vécue, ou de la façon cor­recte de vivre.”” Voir Leçons et con­ver­sa­tions, Folio essais, 1966, p. 143–144.
7. San­dra Laugi­er, Recom­mencer la philoso­phie. Stan­ley Cavell et la philoso­phie en Amérique, Vrin, 2014, p. 153.
8. Patracia Paper­man et San­dra Laugi­er, Le Souci des autres. Éthique et poli­tique du care, Édi­tions de l’E­HESS, col­lec­tion “Raisons pra­tiques”, 2011. Les lignes qui suiv­ent s’ap­puient sur leur présen­ta­tion. On pour­rait égale­ment citer les travaux de Fabi­enne Brugère, L’Ethique du care, PUF, col­lec­tion Que sais-je, 2011.
9. Fabienne Brugère, L’Éthique du care, Que sais-je, 2011.
10. Isabelle Stengers, Jeux de ficelle avec Har­away dans Habiter le trou­ble avec Don­na Har­away, Édi­tions Dehors, 2019, p. 299–320.